« Ma mémoire s’efface à petit feu alors que mon corps suit le rythme de cette spirale infernale qui l’avait avalé depuis des siècles, une force supérieure m’avait engloutit, cette forme phénoménale qui avait emporté mon esprit branquignol notamment ma peine et toute cette douleur incommensurablement immortelle.
Ce qui me reste à présent est quelques éclats, des bruits d’armes se percutant contre eux dans une torture titanesque imposée à mon oie. Des visions de l’Ange de la mort emportant sous sa longue cape des milliers de faces horrifiées, teintées de ce sang gluant, vision de l’amour et de haine qui ne cesse de me hanter. Et pourtant ma vie me semble si lointaine comme si ma venue dans ce monde faisait partie d’un temps primitif déjà passé et qui ne reviendra probablement jamais.
Des dires remontent dans mon esprit en bacchanale murmurant des calamités fantasmagoriques qui perdent tout leurs sens dans cette cacophonie délicieusement dérangeante.
Est-ce la fin de toute cette torture qui m’avait prit dans son piège comme une proie facilement captivée sans aucune défense et sans aucune chance de s’en sortir ? J’avais pourtant pensé à un certain moment de ma soit disant vie que j’ai trouvé un remède à toute cette souffrance. Quelque chose qui avait la possibilité de m’envelopper loin en tendant mes oreilles et mes sens vers ces cris de haine et de peur que ces hommes font preuve. Oui j’étais devenu ce que je ne pensais un jour devenir, un être que je ne reconnaissais plus comme si une âme errante s’est glissée dans ma carapace et arrivée à prendre le contrôle sur ma chair. C’était comme une deuxième présence. Je la sentais. Je le savais. Et elle me donnait la force de m’évader, de me calmer sous la douleur d’autrui. La douleur de l’humain. Mon cher et dévoué ennemi »